jeudi 4 mai 2017

NOUVEL ÉVÉNEMENT


Ami(es) des mots et de la poésie


C'est avec plaisir qu'Elisabeth et Bernard Boyer vous recevront 

Le dimanche 21 mai 2017 à 17h

pour partager un moment autour des Editions Musimot.

  

Lectures et musique seront au programme 

avec Irina Dopont, Monique lucchini et Marie-Pierre Forrat.



Vous pourrez ensuite échanger avec les auteures et artistes 

autour d'un apéritif convivial et chaleureux.


Dans l'attente de ce partage littéraire et musical 

bien amicalement à vous toutes et tous.


vendredi 27 janvier 2017

C'EST SI BEAU, C'EST SI VRAI...


    Sur le site de Michel Diaz, on lit que son travail d’écriture est conduit par « le désir de trouer cette "part d’inconnu" qui s’ouvre devant soi, d’explorer l’être humain au plus intime de lui-même, de ses aspects les plus ténébreux, tout en gardant les yeux ouverts sans s’embarrasser de s’enfoncer parfois dans des impasses ».

Son dernier recueil Fêlure nous raconte cette exploration. Ou plus précisément comme le suggère l’épigraphe :

                                                   « Le chemin pris parmi
                                                     Choisi ? Consenti plutôt.
                                                     Vertige de cela
                                                     Vertige
                                                     Que mourir apaisera. » Alain Guillard

Le ton et la trame sont donnés. Nous comprenons qu’il n’y aura pas de choix à faire.

D’abord parce que ce chemin commence un 21 décembre, à l’orée de l’hiver, et dans la solitude. L’auteur écrit : « Ces longs flocons qui tombent, je suis seul à pouvoir les entendre », sans la dispersion qu’un autre pourrait apporter. Le chemin sera froid et blanc. On en pressent l’opacité, préfigurative d’impasse.

Aussi parce que l’alternative est un pari impossible, qui tiendrait du miracle : le 5 janvier on peut lire : « Pour se sentir vivant, il faudrait convoquer ce miracle : être là, sans parole, pas trop en avant de soi et pas trop en arrière non plus, mais juste en équilibre sur la ligne de crête du souffle […] Libre de toute attente et de toute désespérance ».

Même ce qui pourrait rassurer et freiner la descente vers le vide — le bol de café fumant qui « restitue au monde ce foyer de chaleur dont le coeur toujours s’alimente » et brûle les deux paumes qui l’enserrent lit-on le 5 janvier — participe et contribue à la douleur d’être.

Ce cheminement est donc aride et au fil du temps qui passe, du début de l’hiver, le 21 décembre jusqu’au début du printemps, le 26 mars, tout espoir se consume. Le 11 mars le poète constate : « on ne peut avancer qu’en brûlant ce que l’on a jadis aimé, qu’en détruisant, l’un après l’autre, ses anciens visages ». Mais il n’y aura pas la possibilité d’un nouveau visage, car au tout début du printemps, le 26 mars Michel Diaz écrit : « Ce sera l’un de ces jours tristes où le crépuscule sera sans visage » où il regardera « le sang glisser sur mes poignets pour inonder mes paumes […] Sang qui n’est que le prix de la cendre ». Un sang qui n’est pas sève, sang sans vie, sans printemps. Pourtant le poète espérait le 25 mars « qu’enfin s’ouvre une porte ».

Ironie d’un printemps où la vie s’enfuira lentement par la bouche du lavabo.

Il ne s’agit pas d’une tragédie car la mort était attendue, inévitable. Le 11 mars le poète dit clairement : « je ne suis que nuit pour moi-même » et s’il avance ce n’est que selon la logique de « l’Ange de la Mort », toujours dans la douleur, « sur la roue de souffrance » — 25 mars —, « dans la douleur d’être » — 2 février —, toujours sur la corde raide « en danseur de corde, au-dessus de l’abîme et d’un centre vertigineux ».

Il n’y a donc pas de choix à faire. La fêlure est trop profonde, avec son corollaire le doute « s’insinuant profond pour me persécuter ». Elle est trop enkystée. Enfant déjà, le poète était « serré contre les bouées noires de l’angoisse ». La fêlure déjà le submergeait, devenait « liquide visqueux l’emprisonnant comme un oiseau mort », préfigurant l’adulte lui aussi « blotti dans le silence et recroquevillé » cédant à la nuit qui ira s’épaississant, continuant la métaphore du liquide visqueux. La seule issue possible étant bien celle du sang, de la vie s’enfuyant par la bouche du lavabo. Il y aura alors enfin possibilité de fluidité. Le sang, la vie vont glisser hors de lui, libération ultime. Avec cela en plus : cette prise de conscience lorsqu’on abandonne ce qui nous interpelle encore.

Michel Diaz saisit ce moment précis avec une précision et une finesse d’écriture fulgurante et romantique à la fois. 21 mars : « Je la regarderai glisser […] avec l’intérêt que l’on porte, quand on a perdu l’usage des mots, à ce qui, sur le bord des lèvres, réclame encore qu’on le nomme. Seulement déchiré par ce sentiment de légèreté que nous donne ce qui nous quitte ». Le balancement de ces deux phrases repose sur la subtile évocation du paradoxe psychologique au coeur de nos vies et de nous-mêmes : le désir d’un au-delà malheureusement inconcevable dans le hic et nunc. Cette évocation sera sublimée par la formulation délicate et exquise consacrée au moment précis de l’adieu à la vie : « En cette heure qui sonne, où le pas fait défaut sous les jambes et où toute fleur s’abandonne. Où l’amour même au revers de toute lumière, a fini, sans regret, d’effeuiller les pétales de sa dernière lampe ».

C’est beau à en pleurer et si ce cheminement dans la désespérance conduit irrémédiablement à la mort, s’il est inévitable pour l’auteur de « renoncer à avancer, ici, sous le ciel nu », l’écriture du recueil est empreinte d’une telle intensité d’émotion et de réflexion,— « Quel Dédale a conçu cet espace où veille un Minotaure qui ne trouve jamais le sommeil » 8 février —, d’une telle inébranlable lucidité — « Et toujours au fond de l’orchestre, on entend les mâchoires qui mastiquent la partition, les dents qui mordent dans la chair des heures » 8 février —, d’un tel respect pour la nature et paradoxalement pour la vie tout court — le 2 janvier l’auteur met en exergue le miracle de la nature —, que le lecteur refuse d’admettre la fêlure et voudrait retenir la nuit. C’est si beau, c’est si vrai, si logique que cela en est inacceptable… et que l’on voudrait crier au poète, pour le convaincre de ne pas nous quitter, de passer du conditionnel au futur et d’affirmer : « Il voudra vivre simplement, comme un soir de septembre, quand il vente dehors et qu’on entend les fruits tomber dans l’herbe. »

Mais cela est impossible.

« J’ai reçu la vie comme une blessure et j’ai défendu au suicide de guérir la cicatrice ». Lautréamont

                                                                                                      
                                                                                                                         Claire Desthomas Demange

mercredi 9 novembre 2016

LA POESIE A DEUX VOIX


Laissons la poésie s'exprimer dans ce monde complexe qui ne laisse que peu de place à la tendresse.

Les auteurs de Musimot donnent leur voix et leurs mots à la liberté, à ce besoin d'évasion dont rêve chacun de nous. Claire Desthomas Demange, auteure de Dialogue avec Viva (2014), a présenté le vendredi 7 octobre à la Librairie les Volcans, son dernier bijou : Carnet de Montagne. Cf article du 4 juillet 2016, Sommet de Poésie.



  


Il en faut peu pour se laisser convaincre par la qualité de sa plume. Le style de  Claire Desthomas Demange est léger et fluide. C'est tout en douceur qu'elle nous amène de la première page à la dernière. Un voyage de montagne qui ressource et non épuise.


J'ai ouvert le rideau. La brume nappe la vallée. Elle monte,
                                      expire sa nuée, annonçant un jour blanc. Le relief a perdu ses
                                      empreintes. Terre et ciel gonflent, cocon de coton, exilant les
                                      rochers. Pas d'escalade aujourd'hui. Pas de battement d'aile. Pas 
                                      de germe d'inconnu. Je m'ennuie.

vacance 
inachèvement
je ne pourrai pas m'inventer
sans révélation je resterai
ce trop accessible me colle à la peau



Que dire de plus sinon de lire. Deux voix pour animer les écrits, deux voix pour faire vibrer les cœurs, au cœur de la poésie.


mardi 25 octobre 2016

UNE JOURNÉE FA-ARTS-BULEUSE

Bonjour à toutes et à tous !!!


Souvenez-vous de cette journée Art'Poetis organisée par Musimot le dimanche 24 Juillet à Montpeyroux. Et bien se fut une belle journée ! Il s'agissait d'une manifestation culturelle dans une somptueuse maison où cohabitaient écritures poétiques, sculptures, laves émaillées, peintures... Un regroupement d'artistes pour le plus grand plaisir des visiteurs. Le tout animé par des lectures ou des intermèdes musicaux. Bref, une réussite tant pour les intervenants que pour les curieux. 


Ci-dessus, Irina Dopont présentant son livre L'interrompue publié aux éditions Musimot.


De la vieille pierre, des artistes, des passionnés, des animations et par dessus tout, du soleil. Alors que demander de plus ? Des journées comme celles-ci enchantent les cœurs et nous conduisent loin de l'ordinaire.  Revisitez en images ces riches moments de partage.





Pascal Revault et son livre Un scarabée bruissant du rêve. 








Monique Lucchini, fondatrice Musimot, en pleine lecture du livre de Charles Simond, La passagère de l'apocalyspe.






Atelier écriture tenu par Paul-HenryVincent, figure incontournable de Musimot.








Atelier sculpture sur ballons tenu par aHaz, auteur chez Musimot.






Daniel Berghezan présente ici son bijou, Les Admirés, dans lequel il présente des artistes qui ont su secouer le monde avec leur force créatrice.




Tout ceci avec bien sûr, les nombreuses œuvres de créateurs variés.




N’oublions pas non plus ces pauses musicales assurées par Marie-Pierre Faurat, professeur à l'Atelier des Arts du Puy-en-Velay, également fondatrice des éditions Musimot. Parmi différents instruments présentés, le plus insolite est certainement la scie musicale avec un aperçu en vidéo.




Difficile de tout montrer ! Mais du fait de nombreux retours positifs, des programmations similaires pourraient voir le jour. La journée se termine malgré l'envie de la prolonger éternellement. Nous fermons les portes de la splendide villa où chacun se dit au revoir et surtout à très bientôt.


Tous les livres, auteurs cités dans cet article sont à découvrir sur le site Internet de Musimot

jeudi 7 juillet 2016

ART' POETIS DANS UN DES PLUS BEAUX VILLAGES DE FRANCE

 Bonjour à toutes et à tous !!! 

Évènement à ne pas louper !!!

C’est Marie-Claire Meilland qui ouvre les portes de sa propriété dans le magnifique village de Montpeyroux
aux "Rencontres Art’Poetis" organisées par Les Éditions Musimot.



Cette manifestation culturelle autour de l’écriture poétique et les liens étroits que celle-ci entretient avec les différentes expressions artistiques est ouverte à un large public. En effet celui-ci pourra aller à la rencontre des auteurs et artistes, assister à des lectures, écouter les intermèdes musicaux de Marie-Pierre Forrat à la scie musicale, accordéon et mélodica et découvrir les expositions des artistes invités : Geneviève Rome ( céramiste d'art), Aurélie Coquerel (émaillage sur lave) et Julie Savary Sculptures et en invité de dernière minute Hervé Chassaniol (artiste peintre).
Toute la journée des animations et lectures seront proposées au jeune public.

Programme détaillé

10h00 à 10h45 – Table ronde autour des Éditions Musimot avec comme thématique être éditeur :
un choix, un engagement, un partage artistique… l’objectif étant de mettre en avant la transversalité des différentes expressions artistiques.
11h00 à 12h00 – Lecture à plusieurs voix. Les auteurs liront des extraits d’un ou plusieurs ouvrages choisis chez les auteurs des Editions Musimot qui ne seront pas présents à la manifestation.
12h00 à 14h00 –   Pique-nique tiré du sac
14h00 à 14h30 — Lecture / Irina Dopont
15h00 à 15h30 — Lecture / Pascal Revault
16h00 à 16h30 — Intermède musical / Présentation de la scie musicale par Marie-Pierre Forrat
17h00 à 17h30 — Lecture / Colette Thévenet
18h00 à 18h30 — Lecture / Daniel Berghezan
Paul-Henry Vincent animera des lectures à la demande pour les enfants de 14h à 18h30
Toute la journée expositions d’artistes invités et intermèdes musicaux
19h00 — Apéritif/buffet de clôture en musique avec Marie-Pierre Forrat

Informations et programme complet : http://musimot.e-monsite.com/pages/rencontres-art-poetis/

En espérant vous retrouver dans ce superbe endroit. A bientôt.

lundi 4 juillet 2016

SOMMET DE POESIE


Carnet de montagne
de
Claire Desthomas Demange
Poésie
Éditions Musimot 2016
Je livre ici quelques sensations que ce Carnet peut suggérer, tant par le témoignage que par la forme et le style ; ce premier parcours devant être pour le lecteur une invitation à trouver son propre chemin.

Cette « suite » (il me semble naturel d’employer ce terme musical, par la succession des moments, pour ne pas dire des mouvements) nous place au coeur de la montagne, la « moyenne » comme la « haute » ; celle de la méditation ou de la conversation (on peut penser à ces physiciens qui vers 1920, comme Bohr, Pauli…, échangeaient et discutaient leurs idées ou à Michel Malherbe, D’un pas de philosophe paru en 2012 dont les personnages s’entretiennent de la réalité, de la vérité et de bien d’autres sujets) ; celle de la concentration et de l’effort (ici on pense plutôt à Frizon-Roche, L. Terray…).

Citons tout de suite le mot final, déchirant : Reviens – parce que tout ce texte nous aura mené vers l’extase verticale. Il n’y a pas de doute : on est dans une histoire d’amour.

 

Au premier jour je l’étreignis déjà
Je t’aime de m’accorder ce fragile filet de bonheur...

 

Cette dimension exprime le besoin impérieux de s’échapper de l’ennui et de la contingence du sol.

 

Largue les liens du sol

 

Elle est associée particulièrement à l’une des activités de la montagne, l’escalade.


Je serais au cœur
Du temps et de l’espace
Sans plus de rivage
Au sommet de l’aiguille là-haut

 

Ainsi ce texte est (au moins en partie) un voyage dans le temps et les vallées pour en découvrir les falaises à escalader. La succession des moments – attente et préparation, progression avec la recherche des appuis et les pas, sentiment d’épanouissement à la fin de la voie – est très juste, et rappelle une expérience et des sensations partagées (parfois même en les faisant voir sous un autre jour) par les « grimpeurs » comme elle peut la faire connaître aux non-spécialistes. 

 

Trouver le départ / La trace écrite dans la pierre ou encore Pour s’accrocher à sa destinée 

 

 Ici il faut parler du temps, c’est-à-dire l’état du ciel (et de divers autres éléments et paramètres) ; dont découle une relation au temps chronologique. Combien de fois est-on dans l’attente du jour à venir, mi-sereine, mi-angoissée – comme à une autre échelle te temps il y a l’attente du printemps, du soleil.

 

    Si le soleil ne revenait pas

et

Guetteurs
Des premiers cris
Et du jeune troupeau

 

L’incertitude (et donc l’attente) : l’impuissance, alors, demain ? ou la confiance dans la météo de la montagne (je pense à une montée en refuge sous la pluie avec la promesse d’un ciel qui deviendra pur au milieu de la nuit – c’est-à-dire à l’heure des préparatifs et du départ).


La pratique de la montagne conduit à sentir une oscillation entre deux façons de la percevoir : un élément de la nature vue selon les lois de la physique, de la géologie… (donc où on se meut rationnellement, ou techniquement) ou par une vision anthropomorphique (on lui parle, on lui prête des sentiments vis-à-vis de nous, « alpinistes ») – comment alors ne pas comprendre le lien qu’elle offre avec la littérature, si ce n’est avec la poésie …


Dans un premier temps, en feuilletant rapidement les pages, un mot saisit par son intensité : Passion, et puisque mon regard est subjectif il entraîne immédiatement l’esprit vers la Passion selon Saint-Matthieu – le lecteur, chrétien ou non, pense souffrance [dans le contexte de la montagne, où il ne s’agit ni de sacrifice ni de masochisme, on peut préférer glisser vers le mot effort] puis accomplissement (pas nécessairement de la volonté divine mais certainement de soi-même). Et puisqu’on est entré dans le monde de la musique deux exemples de la façon dont elle a exprimé la montagne : l’orage dans la musique à programme ; La Symphonie Alpestre de R. Strauss, et en plus impressionniste Les Chants d’Auvergne de Canteloube (et l’Auvergne n’est pas si loin des Alpes – ah oui on ne l’a pas dit : les vallées dont on a parlé sont – soigneusement choisies ! - des vallées savoyardes sauvages).

 

Enfin un mot – pas plus, par incompétence dans le champ de la critique – pour le style : à la fois douceur et rugosité :

 

Ma fragile attente
Ma soif de départ
Avec la peur
Qui me coule
Dans les veines

 

Ces impressions et réflexions, subjectives, n’épuisent pas la source que ce texte poétique peut constituer ; il est donc temps de laisser la place au plaisir et au rêve pour chaque lecteur. Que ce Carnet soit pour lui un beau voyage...


                                                                                                          Michel MEZZA